Cannes 2024CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • News
  • Article
  • 3 min

Les professionnels se mobilisent contre la privatisation de l'audiovisuel public

  • Justine Carbon
  • 2024-06-20

En réponse à la volonté du Rassemblement National de privatiser France Télévisions et Radio France, la Guilde française des scénaristes et 40 organisations - représentatives des métiers liés au son et à l’image -, ont rédigé des tribunes interpellant sur les conséquences de cette mesure.

Que se passerait-il en cas d'accession du RN au pouvoir pour l'audiovisuel public ? Annoncée le lundi 10 juin par Sébastien Chenu, porte-parole du parti d'extrême droite, et confirmée le 16 juin par Jordan Bardella, président et candidat au poste de Premier ministre - si son parti remporte la majorité absolue aux prochaines élections législatives du 30 juin et 7 juillet -, la privatisation de l’audiovisuel public inquiète le secteur. 

L’ensemble des organisations syndicales des médias publics appelait déjà à la mobilisation les 23 et 24 mai derniers, lorsqu'il était cette fois-ci question d'une fusion de l’audiovisuel public, envisagée par le gouvernement via la création d’une holding « France Médias ».

Une partie non négligeable du secteur est en désaccord avec cette mesure, en témoignent les textes publiés par la Guilde française des scénaristes et celui signé par 40 organisations et syndicats. Dans ces deux textes, la diversité permise par le service public est mise en avant.

Les deux tribunes pointent en effet du doigt le fait que France Télévisions et Radio France permettent aux créateurs et techniciens d’offrir au public des œuvres et des contenus aux thématiques vastes. Mais surtout, ces champs de création assurent le plein accès à la culture.

Les organisations mentionnent également la « proximité » assurée par France Télévisions et Radio France, qui sont présentes localement via leurs stations et chaînes régionales. Leur public est quantifié par la Guilde et il regrouperait, pour les spectateurs de fiction, « 12 millions de spectateurs chaque semaine ».

Législatives : 350 personnalités réclament une union des gauches

Lire l'article

DES EMPLOIS MENACÉS

Autre dimension peut-être moins perçue du grand public : les milliers d’emplois fragilisés par cette mesure. La tribune des 40 organisations, partagée sur le site du SPI (Syndicat des producteurs indépendants), avance que l’audiovisuel public est, entre autres, l'un des principaux employeurs de la filière audiovisuelle, qui compte « plus de 300 000 salariés ». Elle se retrouve ainsi « devant le secteur de l’agriculture et de la pêche (273.000 salariés) et l’industrie pharmaceutique (100.000 salariés) », ajoutent les organisations.

Ces organisations s’accordent enfin sur le statut d'« exception culturelle » accordé à la télévision et la radio publiques. Contrairement à ses voisins européens, la France a mis en place plusieurs mécanismes pour protéger l'audiovisuel public, notamment la redevance qui permettait, jusqu'à son retrait, de sanctuariser un budget alloué à l'audiovisuel public.

Dans le cas du cinéma par exemple, l’« exception culturelle » repose sur le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), qui propose différentes aides aux créateurs, producteurs, exploitants et distributeurs via ses commissions.

Élément de « soft power », pour reprendre les mots de la Guilde, l’audiovisuel public doit être protégé selon ces organisations, au risque sinon de perdre « la liberté d’expression et de création », assurée par « une information indépendante et non soumise aux pressions politiques et commerciales », comme le disent en chœur les deux tribunes.

Image : © Ernest Morales

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur